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Hébergement touristique et crise immobilière : la réconciliation ?

5 min
Projet immobilier mixte

Avec la montée d’un tourisme de masse dans certaines villes devenues ultra touristiques et le bond vertigineux de l’augmentation des locations saisonnières de courte durée via les plateformes type Airbnb, l’hébergement touristique engendre de nombreux impacts négatifs sur les marchés immobiliers locaux. Des conséquences bien connues telles que la hausse des prix de l’immobilier, des logements vacants ou encore la difficulté accrue de se loger pour les populations permanentes.

 

Si ces impacts négatifs sont bien réels, des solutions voient le jour dans certaines grandes villes françaises, visant à rétablir l’équilibre entre logement permanent et hébergement touristique.

 

Quand l’hébergement touristique se met au service du social et inversement : oui, c’est possible !

Projets immobiliers : la mixité verticale

Les projets immobiliers mixtes intègrent dans une même résidence des espaces destinés à de l’hébergement touristiques et d’autres dédiés à des résidences permanentes. Ces projets sont bien souvent le fruit de partenariats entre acteurs privés et publics au niveau national ou régional, qui collaborent main dans la main afin de développer des solutions innovantes et hybrides permettant de faire cohabiter les deux types de logement.

 

Un exemple pionnier est le projet « Paris Rive Gauche ». Dans le 13e arrondissement de la capitale, un projet de rénovation urbaine permet de retrouver des logements sociaux, des espaces publics, et des infrastructures dédiées au tourisme. La parfaite illustration d’un partenariat public-privé, où la ville de Paris s’est lancée dans la reconversion d’anciens entrepôts en appartements, tout en intégrant une partie de l’espace à l’hébergement touristique. Un moyen de répondre à la demande en logement dans cette zone, ainsi qu’à la forte demande touristique.

 

On peut également citer des projets architecturaux tels que l’immeuble Belaroia à Montpellier, qui mixe hôtellerie et logements permanents, ainsi que d’autres modèles similaires à Paris et sa proche banlieue.

 

Ces différents projets mettent en lumière l’importance des partenariats public-privé pour répondre à la fois aux besoins des habitants locaux et des touristes.

L’encadrement des plateformes de location de courte durée

Certaines villes utilisent les revenus générés par les plateformes de location touristique (comme Airbnb) pour financer des projets de logement social. Ce modèle permet aux autorités locales de réguler l’hébergement touristique tout en redistribuant les ressources financières générées vers la construction ou la rénovation de logements sociaux.

 

C’est notamment le cas de Barcelone. La ville espagnole a subi une grosse crise immobilière suite à la multiplication des logements loués dans un but touristique. Les autorités locales ont donc mis en place une taxe de séjour sur les locations touristiques à court terme. Les revenus de cette taxe sont ensuite utilisés pour financer des programmes de logement social, notamment la construction de nouveaux logements pour les résidents permanents.

 

Ce modèle permet de mieux contrôler l’impact du tourisme sur le marché immobilier tout en garantissant que les revenus générés par le secteur touristique contribuent directement à améliorer l’accès au logement pour les citoyens locaux. Ce type de financement par la taxe est également envisagé par d’autres villes françaises confrontées à des pressions sur le marché locatif, comme Paris ou Marseille.

Réinsertion de l’immobilier vacant grâce à l’hébergement touristique

L’hébergement touristique peut également jouer un rôle dans la réinsertion de l’immobilier vacant dans des zones urbaines en crise. Les partenariats public-privé peuvent transformer des bâtiments désaffectés ou des logements vides en résidences destinées à la fois aux touristes, à des résidents permanents et même à des étudiants.

 

À Nantes, un projet de réhabilitation d’anciens entrepôts industriels a permis de transformer des espaces abandonnés en logements mixtes. Une partie de ces logements est dédiée à l’hébergement touristique, notamment sous forme de studios ou d’appartements de courte durée, tandis qu’une autre partie est réservée à des logements sociaux.

 

L’hébergement touristique peut également intervenir sur le taux d’occupation des logements étudiant, souvent loués quelques mois et laissés à l’abandon lors des deux mois d’été. La chaîne européenne The Social Hub (anciennement The Student Hotel) implantée à Paris ou à Toulouse, est le parfait exemple de résidences hôtelières ayant évolué vers un modèle hybride comprenant des hébergements touristiques et des espaces de coliving.

Les partenariats public-privé et les projets urbains centrés sur la mixité verticale sont des outils innovants pour réconcilier les besoins de l’hébergement touristique et de l’accès au logement. En combinant des stratégies comme les projets mixtes entre acteurs publics et privés, et la réinsertion de l’immobilier vacant, les villes peuvent non seulement répondre à la demande touristique, mais aussi préserver des espaces pour les populations locales.