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Rénovation énergétique : quelles aides pour les hébergements touristiques ?

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Rénovation énergétique hôtel

Dans un contexte de crise énergétique et d’urgence climatique, le secteur hôtelier en France fait face à des obligations réglementaires ambitieuses en matière de rénovation énergétique. On vous aide à y voir plus clair parmi le vaste dispositif d’aides publiques et privées déployé pour accompagner cette transition. Entre subventions européennes, nationales, régionales et financements privés, les hébergements touristiques disposent aujourd’hui de nombreux leviers pour transformer cette contrainte en opportunité.

Le décret tertiaire : l’hôtellerie en première ligne

Face aux enjeux climatiques et à l’urgence de la transition énergétique, le secteur hôtelier français se trouve aujourd’hui au cœur d’une transformation majeure. Le décret tertiaire, entré en vigueur en 2019, impose aux bâtiments à usage tertiaire de plus de 1 000 m² une réduction progressive de leur consommation énergétique : -40% d’ici 2030, -50% en 2040 et -60% en 2050, par rapport à une année de référence. Pour l’hôtellerie, secteur énergivore par nature avec ses besoins constants en chauffage, climatisation, eau chaude sanitaire et éclairage, cette réglementation représente un défi de taille mais aussi une opportunité de modernisation.

 

Les hôtels, qui fonctionnent 24 heures sur 24 et doivent garantir le confort de leurs clients, se retrouvent en première ligne de cette révolution énergétique. La mise en conformité nécessite souvent des investissements conséquents : isolation thermique renforcée, remplacement des systèmes de chauffage obsolètes, installation de LED, régulation intelligente de la température, recours aux énergies renouvelables. Pour accompagner cette mutation, un arsenal de dispositifs d’aide a été déployé, combinant financements publics et privés.

Les subventions publiques : un soutien à plusieurs niveaux

L’Union européenne mobilise d’abord ses ressources à travers notamment le plan FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), qui finance des projets de rénovation énergétique dans les territoires et aussi dans les entreprises du tourisme. Ces fonds européens peuvent couvrir jusqu’à 60% des investissements, particulièrement pour les établissements situés dans des zones prioritaires.

 

Au niveau national, plusieurs dispositifs se complètent. Le Diag Perf Immo constitue une aide précieuse pour les acteurs privés du tertiaire : ce programme finance partiellement jusqu’à 50% un audit énergétique complet, accompagné d’un suivi sur plusieurs mois par des experts. Géré par Bpifrance, il permet aux hôteliers d’établir un diagnostic précis de leur consommation et d’identifier les actions prioritaires à mener. Une étape de conseil qui s’avère souvent déterminante pour optimiser les investissements et maximiser les économies d’énergie.

 

L’ADEME, agence de la transition écologique, joue également un rôle central à travers le plan France 2030. Ce programme ambitieux vise à accélérer la décarbonation de l’économie française et propose diverses aides aux entreprises engagées dans la rénovation énergétique. En 2024, le Fonds Tourisme Durable a été spécifiquement créé pour accompagner la transformation écologique du secteur touristique, dont l’hôtellerie représente un pilier majeur. Ce fonds finance des projets innovants alliant performance énergétique et développement durable.

Le Fonds Chaleur, autre dispositif de l’ADEME, subventionne l’installation de systèmes de chauffage utilisant des énergies renouvelables : pompes à chaleur, biomasse, solaire thermique, géothermie etc. Pour les hôtels qui souhaitent abandonner les énergies fossiles, ce fonds peut financer jusqu’à 65% du surcoût lié à l’installation et/ou à l’étude de faisabilité.

 

Enfin, les aides régionales complètent ce panorama avec des programmes territoriaux adaptés aux spécificités locales. Chaque région propose ses propres dispositifs, cumulables dans certains cas avec les aides nationales et européennes, créant ainsi des opportunités de financement attractives pour les projets de rénovation.

Les financements privés : les certificats d’économie d’énergie

Au-delà des subventions publiques, les hébergements touristiques peuvent également s’appuyer sur un dispositif de financement privé particulièrement intéressant : les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE). Ce dispositif obligatoire impose aux fournisseurs d’énergie (EDF, Engie, Total, etc.) d’inciter leurs clients à réaliser des économies d’énergie, sous peine de sanctions financières.

 

Concrètement, ces fournisseurs financent une partie des travaux d’efficacité énergétique réalisés (jusqu’à 60% de certains travaux), récupérant en contrepartie des certificats qui prouvent leur action. Les CEE peuvent couvrir l’isolation, le changement de chaudière, l’installation de systèmes de régulation ou encore la modernisation de l’éclairage. L’avantage majeur de ce dispositif réside dans sa flexibilité et sa compatibilité avec les autres aides.

 

Face à l’obligation du décret tertiaire, l’hôtellerie dispose donc d’un écosystème complet de financements pour accompagner sa transition. En combinant intelligemment ces différentes sources de financement, les établissements hôteliers peuvent significativement réduire leur reste à charge et transformer une contrainte réglementaire en véritable levier de compétitivité et d’attractivité.

La mise en conformité avec le décret tertiaire représente un défi majeur, mais l’arsenal d’aides disponibles permet de le relever avec davantage de sérénité. L’enjeu consiste à bien identifier ces dispositifs et à les combiner efficacement pour optimiser ses investissements. Au-delà de l’obligation réglementaire, cette transition énergétique constitue une opportunité stratégique : réduction des charges, valorisation de l’image de marque, réponses aux nouvelles attentes des consommateurs et contribution concrète à la préservation de l’environnement.